dimanche 10 novembre 2019

Le système scolaire, un outil pour formater l'individu en créant un déséquilibre entre les deux hémisphères cérébraux.


Lenteur, ennui, immobilité, répétitions, enfermement, désintérêt….
Voici ce qui tourne dans ma tête de plus en plus souvent pendant mes heures de travail qui est d'accompagner des élèves en situation de handicap au collège. Ce manque de dynamisme devient de plus en plus problématique, mon corps supporte de moins en moins d'être dans cet état de passivité et me le fait ressentir. Mon esprit a besoin de mettre des mots sur cette atmosphère ambiante. Je prends de la hauteur et donc des notes comme souvent. Voici ce qu'il en résulte…

Histoire avec les 6èmes :
Je calcule, cela fait 12h que l'on étudie la Préhistoire. Chaque heure ajoute un tout petit peu plus de données à des faits que je remet moi-même en question. L'heure se termine. Soixante minutes pour extraire les infos suivantes :
Le néolithique est causé par la transition chasse / agriculture.
Les humains d'aujourd'hui sont des homo sapiens.
Autant de temps pour apprendre seulement deux notions et tout est comme ça, dans une lenteur indigeste qui fait bailler et décrocher l'attention des élèves. Je pense qu'on sous-estime la capacité des élèves a engrammer davantage de substance en un temps donné mais qu'il y a également une volonté plus obscure. On ne peut pas demander à ces jeunes gens d'être assis pas bouger pas parler seulement écouter et exécuter autant d'heures par jour. Il serait temps de voir les choses différemment, voire avec lucidité.
Les bien-pensants parleront de pédagogie adaptée pour justifier un tel rythme. Je suis calée sur le sujet étant donné que je passe beaucoup de temps avec des professeurs de tous niveaux et toutes matières confondues. Moi-même il m'arrive de tomber dans la facilité en critiquant le faible niveau et le manque de volonté et de curiosité des élèves. Mais il faut prendre de la hauteur, accepter certaines réalités et s'adapter à elles plutôt que de continuer cet acharnement pédagogique théorique pathétique.
Pour occuper des élèves dans le temps à travers des matières aux connaissances limitées, il faut broder, rallonger, donner toujours plus d'exercices et de travail de réflexion. Ah oui parce-que ça c'est la pédagogie d'aujourd'hui : demander à des élèves qui n'ont pas envie d'être en classe de réfléchir sur des concepts qu'ils ne connaissent pas, leur donner des questions à répondre avec des documents, les laisser ainsi pendant 15minutes puis, enfin, expliquer de quoi il est question et aborder concrètement le cours. En vrai, la grande majorité déconnecte complètement du travail qu'on leur donne à faire et préfèreront faire du coloriage ou diront qu'ils ne comprennent rien. Et c'est systématique, quel que soit le cours ou le professeur ! Donc dire que c'est un moyen efficace de stimuler leur sens de l'analyse est un leurre. Autant leur livrer directement les connaissances et ensuite les expérimenter à travers l'analyse de documents. Mais non… des années que ça dure et pas de remise en question.
Je me suis ensuite demandée ce qui était objectivement le mieux pour occuper les journées des plus jeunes. Oui car il faut être conscient que l'école est une occupation créée par le système et que ce n'est donc pas naturel. Cela semble tellement évident que les enfants aillent à l'école, aussi logique que de payer ses impôts, de travailler pour survivre ou encore de faire les courses. Une logique sociétal mais pas originelle. Si l'école n'existait pas, que ferait-on de nos plus jeunes ? Deviendraient-ils incultes, bêtes, sans morale parce-que non instruit ? Encore un conditionnement. L'instruction est celle que nous voulons donner avec un contenu et une forme spécifique. L'école que nous connaissons à ses propres codes. Et n'oublions pas la première vraie école : celle de la vie.
Petite parenthèse donc pour faire comprendre que beaucoup de choses peuvent être réévaluées.
Les connaissances qu'on inculque aux élèves sont discutables certes mais penchons-nous sur le simple fait de les faire entrer par tous les moyens dans la tête des élèves. Car oui, c'est du bourrage de crâne, du forcing permanent, de la maltraitance cérébrale. J'exagère ? Pas tant que ça.
La mémorisation est un acte inconscient à la base qui est pris en charge par le cerveau droit. Lorsqu'il y a une volonté de retenir une information et que celle-ci ne se fait pas naturellement, le cerveau gauche intervient tel un outil qui façonne l'info afin de la faire rentrer dans une case spécifique. C'est donc un effort à fournir. Qu'il soit physique ou intellectuel, un effort puise dans l'énergie de l'individu. Etant donné que le milieu scolaire, dans son excessivité, impose une mémorisation continue, en cours et chez soi, c'est l'épuisement assuré. Amener un jeune individu à exploiter son cerveau gauche est une bonne chose en soi mais pas de cette façon, pas à ce rythme. Et le cerveau droit dans tout ça ? Balayé, méprisé, anesthésié… Alors que pendant l'enfance c'est lui qui domine. Pendant la croissance, la structure cérébrale est sensée se modifier, continuer à se développer, l'hémisphère gauche est de plus en plus sollicité, les perceptions intérieures et extérieures sont progressivement exploitées par le cerveau gauche. Sensibilité, créativité (droit) et rationalité, structuration (gauche) ne sont pas deux options opposées ou en déséquilibre. En réalité elles sont complémentaires et au service l'un de l'autre. Voilà comment l'Homme fonctionnerait automatiquement si il ne subissait pas certaines déformations. Comme, nous venons de le voir en exemple, par cet acharnement à museler l'hémisphère droit tout en activant à outrance l'hémisphère gauche à l'école de l'éducation nationale. D'ailleurs, vous constaterez que la plupart des connaissances engrangées au collège, si elles ne sont pas réactivées par les circonstances de la vie, ne vous sont pas restituées. Souvenez-vous du programme d'histoire de 5ème, des cours de maths en 4ème, des cours d'espagnol… Compreniez-vous l'intérêt des cours de technologie ? Pas forcément et pourtant, arrivé à un âge plus avancé, la plupart de ces connaissances vous apparaissent d'un coup utiles voir fondamentales. Il y a un âge pour chaque chose et mon constat est que le collège est une période de transition pour l'individu qui n'est pas traitée correctement. Il serait plus épanoui dans un apprentissage plus manuel, visuel, actif, créatif, plus limité en nombre d'heures et en devoirs. Un apprentissage de son environnement direct avec moins de théorie et de contraintes et plus de temps pour sa vie sociale qui a énormément d'importance.
Découvrir des connaissances, de nouvelles potentialités à n'importe quel moment de notre vie est à portée de main pour tous. Les reconversions professionnelles en sont une preuve.
Pour conclure, n'oublions pas qu'à toute création sociétale il y a une volonté cachée de servir les avantages de ceux qui dominent la masse. Avec l'école il est évident que la volonté est de créer un déséquilibre des deux hémisphères cérébraux et un formatage de l'individu. Ce que l'hémisphère droit permet à l'individu d'être est contre-productif au bon fonctionnement d'une matrice esclavagisante. Créativité, intuition, affirmation de Soi = émancipation = menace pour le système en place.
A méditer...

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