- - Et bien oui mais… je vais rompre avec elle dès que possible. J’y pense
depuis quelques temps en fait. Ton arrivée a changé tellement de choses…
- - Pourtant ça fait six mois que je suis là et tu es toujours avec elle.
Pourquoi ?
- - Parce-que j’ai choisi la lâcheté. Quand tu es arrivée, j’étais avec
Maeva depuis plusieurs mois. C’était du sérieux. J’ai préféré laisser passer
l’été et ne rien tenter avec toi. J’avais besoin de la retrouver pour y voir
plus clair.
- - Tu ne l’as pas vue de l’été ?
- - Non, entre moi qui n’avais pas le temps et elle qui est parti presque
tout l’été chez son père à Lyon ça n’a pas été possible. J’avoue que ça m’arrangeait.
Et puis, je ne savais même pas si je te plaisais en plus.
- - Sérieusement, je t’ai envoyé des signaux pourtant.
- - Je ne les ai pas vraiment compris, ça aurait pu être de l’amitié…
- - Et une fois que tu as retrouvé Maeva, c’est elle que tu as choisie. C’est
bien parce-que tu préférais être avec elle non ? Surtout que tu m’as ignorée
comme pas possible.
- - C’est pas si simple… j’avais besoin de temps.
L’intuition que j’avais était donc vraie. Roméo avait besoin de temps, j’ai bien fait de ne pas intervenir pendant les vacances et tout ça m’a appris à être patiente. Il y a une intelligence dans le cours des choses qui ne peut plus être niée. Et surtout, mon intuition est fiable, ce qui est très utile.
Je l’observe, il a l’air vraiment désolé. C’est un élan de compréhension que j’ai pour lui. Toute amertume disparait définitivement.
- - Tu n’imagines pas le courage qu’il m’a fallu pour me décider à te
faire comprendre que je t’aime.
Les mots
sortent spontanément de ma bouche. Je n’en ai pas honte.
- - Oui, je t’aime Roméo, d’ailleurs, je ne vois pas comment on peut aimer
plus. Désolée si je te fais peur mais ça fait tellement du bien de le
dire ! Je sais qu’on est jeunes mais… je t’ai rencontré et je n’ai pas
l’intention de passer à côté de toi pour une question d’âge.
Sa réponse
ne se fait pas attendre.
- - Je t’aime aussi Lola. Je n’avais pas du tout prévu de te le dire aujourd’hui
mais tant pis.
C’est plus
que ce que j’espérais. J’accueille cette déclaration en l’embrassant, puis je
lui demande.
- - Pourquoi avais-tu besoin de temps ?
- - J’avais peur de ce que je ressentais pour toi. Je ne voulais pas vivre
quelque chose d’aussi intense et comme je te l’ai dit, je craignais que tu me
rejettes. C’est pour ça que je t’ai évitée.
- - Tu avais peur de souffrir en quelque sorte.
- - Oui.
- - Quand as-tu commencé à ressentir quelque chose pour moi ?
- - La première fois que je t’ai vue. J’avais 13 ans et toi 12 ans.
- - Pourtant on s’est très peu parlé…
- - Tu te souviens lorsque tu es venue nourrir les chèvres. Je t’avais accompagnée.
Et la sculpture de citrouille, c’est toi qui m’a donné envie de m’appliquer, je
voulais t’impressionner.
Je repense
à ce drôle de flash-back à mon arrivée au centre cet été. Le garçon, les
chèvres, oui c’était lui en effet…
- - Oui, je m’en souviens maintenant.
-
- Quand j’ai su que tu venais vivre
ici et que j’étais déjà avec Maeva, je me suis interdit de tenter quoi que ce
soit.
- - Mais ça ne t’a pas empêché d’être très accueillant avec moi. C’était
même plutôt ambigu.
Il se passe
la main dans les cheveux puis secoue la tête gêné.
- - A partir du moment où je t’ai adressé la parole, au resto, j’ai su que
j’étais mal barré de toute façon. J’ai réalisé que malgré toutes ces années
passées, j’avais encore des sentiments pour toi.
Nous rions
doucement.
- - Moi j’ai ressenti quelque chose de fort, le soir où on a discuté sur
le banc, tu t’en souviens ?
- - Bien sûr, c’était un moment que je n’oublierai jamais. Tu étais
effectivement dans un état étrange vers la fin de notre conversation mais
j’avais mis ça sur le compte de l’émotion vis-à-vis de tout ce que tu m’avais
confié.
Roméo me
prend la main.
- - Il y a d’autres choses qui m’ont posé problème.
- - Je t’écoute.
- - Je me suis dit que tu ne serais pas prête à vivre quelque chose avec
moi. Tu étais encore fragilisée par ta mauvaise expérience et je ne voulais pas
me faire jeter au bout de quelques jours. Et puis il y a aussi le fait que tu
sois décidée à retourner vivre à Paris. Moi j’ai l’intention de rester ici, en
Alsace. Alors, comment on va faire ?
Devant
cette réalité incontournable, nous demeurons silencieux. Je ne m’étais pas doutée
qu’il se projetait aussi loin avec moi.
- - Tu n’as pas tort mais, pourrait on pour le moment se contenter de
profiter d’être l’un avec l’autre. Et puis, je t’assure que je n’ai pas
l’intention de te jeter, ni dans quelques jours, ni jamais. D’ailleurs je n’ai
pas forcément l’intention de vivre à Paris, j’y vais pour mes études.
Il soupire, de soulagement, m’embrasse et me
serre contre lui.
- - D’accord, je vais faire en sorte de moins me prendre la tête.
Maeva se
pointe soudainement dans mes pensées.
- - Tu comptes rompre avec Maeva rapidement j’espère ?
- - Promis, je m’en occupe ce soir.
- Je compatis pour elle car elle perd quelqu’un d'exceptionnel.
T - Tu me tiendra au courant quand ce sera fait ?
- - Bien sûr.
J’écarte une
mèche qui lui tombe sur les yeux. Décidemment, je ne me lasserai jamais de la
douceur qu’offre son visage.
- - Vivons notre histoire à notre façon, en profitant de l’instant présent.
Si ça fonctionne entre nous, il y aura des solutions pour l’avenir, lui dis-je.
- - Tes paroles sont pleines de sagesse. Je ne te pensais pas comme ça tu
sais.
- - J’ai tellement changé depuis que je suis arrivée ici. Notre rencontre
y a beaucoup contribué.
Vers 21h,
je reçois un message de Roméo.
« Je viens de
rompre avec Maeva. Je suis soulagé. Elle s’en remettra j’ai l’impression. On
reste amis mais par respect pour toi, je ferai au mieux pour l’éviter. »
« C’est sympa
de penser à moi. Je te propose d’appliquer une règle fondamentale pour démarrer
notre relation : la confiance. Je ne veux pas être la petite amie jalouse
et possessive qui te surveille sans arrêt. Si Maeva traine avec toi et ta bande
d’amis, je ferai avec. Si tu veux bien m’accorder ta confiance alors nous
partirons sur une base saine. Quant aux cachotteries, il n’y en aura pas
parce-que je sais que tu ne me juges pas et aussi parce-que j’ai envie de tout
partager avec toi. »
« Tu es
incroyable Lola ! Quelle maturité pour ton âge. On dirait une experte en
relation de couple malgré ton manque d’expérience. Tu as toute ma confiance en
tout cas »
« Comme ça fait six mois que j’imagine notre
couple, ça aide. »
« Obsessionnelle… ! »
« Amoureuse
inconditionnelle plutôt. Je vais te faire découvrir, tu vas adorer. »
« Dis-m’en
plus. »
« Jamais je ne
te demanderai de changer pour moi. Jamais je ne t’imposerai quoi que ce soit et
jamais je ne serai dépendante de toi. On ne possède pas la personne qu’on aime.
C’est ça l’amour inconditionnel. »
« Rappelle moi ton âge ? »
« J’ai juste
intégré tout ça grâce à ce parcours du combattant pour arriver jusqu’à
toi. »
« Ton tableau
est fixé sur mon mur. Il me rappellera chaque jour la chance que j’ai de
t’avoir rencontrée. »
« Tu crois aux
âmes sœurs ? »
Bravo Stéphanie, continuez comme cela, à bientôt.E.M.
RépondreSupprimerMerci beaucoup E.M (un nom ?)
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