mercredi 5 juin 2024

troisième extrait de H.P.A : réunion

 

 Les heures passent lentement et enfin, on frappe à la porte de ma chambre.
Roméo entre, ferme la porte et tout naturellement, je viens l’embrasser. C’est comme si nous reprenions des habitudes oubliées. Pas de gêne entre nous.
Après avoir échangé quelques banalités sur nos journées respectives, nous nous posons sur mon lit.
-         -  Je crois qu’il faut que nous ayons une conversation sérieuse Lola.
 - -      - Tu as raison, il y a beaucoup de choses à se dire. Je suppose que tu es encore en couple avec Maeva…

-         - Et bien oui mais… je vais rompre avec elle dès que possible. J’y pense depuis quelques temps en fait. Ton arrivée a changé tellement de choses…

-         - Pourtant ça fait six mois que je suis là et tu es toujours avec elle. Pourquoi ?


-        -  Parce-que j’ai choisi la lâcheté. Quand tu es arrivée, j’étais avec Maeva depuis plusieurs mois. C’était du sérieux. J’ai préféré laisser passer l’été et ne rien tenter avec toi. J’avais besoin de la retrouver pour y voir plus clair.

-         - Tu ne l’as pas vue de l’été ?

-        -  Non, entre moi qui n’avais pas le temps et elle qui est parti presque tout l’été chez son père à Lyon ça n’a pas été possible. J’avoue que ça m’arrangeait. Et puis, je ne savais même pas si je te plaisais en plus.

-         - Sérieusement, je t’ai envoyé des signaux pourtant.

-         - Je ne les ai pas vraiment compris, ça aurait pu être de l’amitié…

-        -  Et une fois que tu as retrouvé Maeva, c’est elle que tu as choisie. C’est bien parce-que tu préférais être avec elle non ? Surtout que tu m’as ignorée comme pas possible.

-         - C’est pas si simple… j’avais besoin de temps.

L’intuition que j’avais était donc vraie. Roméo avait besoin de temps, j’ai bien fait de ne pas intervenir pendant les vacances et tout ça m’a appris à être patiente. Il y a une intelligence dans le cours des choses qui ne peut plus être niée. Et surtout, mon intuition est fiable, ce qui est très utile.

Je l’observe, il a l’air vraiment désolé. C’est un élan de compréhension que j’ai pour lui. Toute amertume disparait définitivement.

-        -  Tu n’imagines pas le courage qu’il m’a fallu pour me décider à te faire comprendre que je t’aime.

Les mots sortent spontanément de ma bouche. Je n’en ai pas honte.

-         - Oui, je t’aime Roméo, d’ailleurs, je ne vois pas comment on peut aimer plus. Désolée si je te fais peur mais ça fait tellement du bien de le dire ! Je sais qu’on est jeunes mais… je t’ai rencontré et je n’ai pas l’intention de passer à côté de toi pour une question d’âge.

Sa réponse ne se fait pas attendre.

-         - Je t’aime aussi Lola. Je n’avais pas du tout prévu de te le dire aujourd’hui mais tant pis.

C’est plus que ce que j’espérais. J’accueille cette déclaration en l’embrassant, puis je lui demande.

-        -  Pourquoi avais-tu besoin de temps ?

-        -  J’avais peur de ce que je ressentais pour toi. Je ne voulais pas vivre quelque chose d’aussi intense et comme je te l’ai dit, je craignais que tu me rejettes. C’est pour ça que je t’ai évitée.

-        - Tu avais peur de souffrir en quelque sorte.

-        -  Oui.

-         -  Quand as-tu commencé à ressentir quelque chose pour moi ?

-         -  La première fois que je t’ai vue. J’avais 13 ans et toi 12 ans.

-        -   Pourtant on s’est très peu parlé…

-         -  Tu te souviens lorsque tu es venue nourrir les chèvres. Je t’avais accompagnée. Et la sculpture de citrouille, c’est toi qui m’a donné envie de m’appliquer, je voulais t’impressionner.

Je repense à ce drôle de flash-back à mon arrivée au centre cet été. Le garçon, les chèvres, oui c’était lui en effet…

-         -  Oui, je m’en souviens maintenant.

-          -  Quand j’ai su que tu venais vivre ici et que j’étais déjà avec Maeva, je me suis interdit de tenter quoi que ce soit.

-         -  Mais ça ne t’a pas empêché d’être très accueillant avec moi. C’était même plutôt ambigu.

Il se passe la main dans les cheveux puis secoue la tête gêné.

-         -  A partir du moment où je t’ai adressé la parole, au resto, j’ai su que j’étais mal barré de toute façon. J’ai réalisé que malgré toutes ces années passées, j’avais encore des sentiments pour toi.

Nous rions doucement.

-         -  Moi j’ai ressenti quelque chose de fort, le soir où on a discuté sur le banc, tu t’en souviens ?

-         -  Bien sûr, c’était un moment que je n’oublierai jamais. Tu étais effectivement dans un état étrange vers la fin de notre conversation mais j’avais mis ça sur le compte de l’émotion vis-à-vis de tout ce que tu m’avais confié.

Roméo me prend la main.

-        -  Il y a d’autres choses qui m’ont posé problème.

-         -  Je t’écoute.

-         -  Je me suis dit que tu ne serais pas prête à vivre quelque chose avec moi. Tu étais encore fragilisée par ta mauvaise expérience et je ne voulais pas me faire jeter au bout de quelques jours. Et puis il y a aussi le fait que tu sois décidée à retourner vivre à Paris. Moi j’ai l’intention de rester ici, en Alsace. Alors, comment on va faire ?

Devant cette réalité incontournable, nous demeurons silencieux. Je ne m’étais pas doutée qu’il se projetait aussi loin avec moi.

-         -  Tu n’as pas tort mais, pourrait on pour le moment se contenter de profiter d’être l’un avec l’autre. Et puis, je t’assure que je n’ai pas l’intention de te jeter, ni dans quelques jours, ni jamais. D’ailleurs je n’ai pas forcément l’intention de vivre à Paris, j’y vais pour mes études.

Il soupire, de soulagement, m’embrasse et me serre contre lui.

-         -  D’accord, je vais faire en sorte de moins me prendre la tête.

 Maeva se pointe soudainement dans mes pensées.

-         -  Tu comptes rompre avec Maeva rapidement j’espère ?

-        -   Promis, je m’en occupe ce soir.

-         Je compatis pour elle car elle perd quelqu’un d'exceptionnel. 

T   - Tu me tiendra au courant quand ce sera fait ?

-        -   Bien sûr.

J’écarte une mèche qui lui tombe sur les yeux. Décidemment, je ne me lasserai jamais de la douceur qu’offre son visage.

-         -  Vivons notre histoire à notre façon, en profitant de l’instant présent. Si ça fonctionne entre nous, il y aura des solutions pour l’avenir, lui dis-je.

-         -  Tes paroles sont pleines de sagesse. Je ne te pensais pas comme ça tu sais.

-        -   J’ai tellement changé depuis que je suis arrivée ici. Notre rencontre y a beaucoup contribué.

 

  Vers 21h, je reçois un message de Roméo.

 

« Je viens de rompre avec Maeva. Je suis soulagé. Elle s’en remettra j’ai l’impression. On reste amis mais par respect pour toi, je ferai au mieux pour l’éviter. »

 

« C’est sympa de penser à moi. Je te propose d’appliquer une règle fondamentale pour démarrer notre relation : la confiance. Je ne veux pas être la petite amie jalouse et possessive qui te surveille sans arrêt. Si Maeva traine avec toi et ta bande d’amis, je ferai avec. Si tu veux bien m’accorder ta confiance alors nous partirons sur une base saine. Quant aux cachotteries, il n’y en aura pas parce-que je sais que tu ne me juges pas et aussi parce-que j’ai envie de tout partager avec toi. »

 

« Tu es incroyable Lola ! Quelle maturité pour ton âge. On dirait une experte en relation de couple malgré ton manque d’expérience. Tu as toute ma confiance en tout cas »

 

 « Comme ça fait six mois que j’imagine notre couple, ça aide. »

 

« Obsessionnelle… ! »

 

« Amoureuse inconditionnelle plutôt. Je vais te faire découvrir, tu vas adorer. »

 

« Dis-m’en plus. »

 

« Jamais je ne te demanderai de changer pour moi. Jamais je ne t’imposerai quoi que ce soit et jamais je ne serai dépendante de toi. On ne possède pas la personne qu’on aime. C’est ça l’amour inconditionnel. »

 

« Rappelle moi ton âge ? »

 

« J’ai juste intégré tout ça grâce à ce parcours du combattant pour arriver jusqu’à toi. »

 

« Ton tableau est fixé sur mon mur. Il me rappellera chaque jour la chance que j’ai de t’avoir rencontrée. »

 

« Tu crois aux âmes sœurs ? »

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