mardi 19 avril 2016

Bullshit jobs


Voulez-vous une définition imagée de ce qu'un bullshit job peut vous faire vivre ?
Copiez collez le lien suivant :
Qu'est-ce qu'un bullshit job ? Traduction : boulot à la con.
Voici aujourd'hui un article qui traite ce sujet très révélateur du dysfonctionnement de nos sociétés en mal d'activités professionnelles.
Reprendre le travail et laisser mes enfants pour effectuer des tâches utiles, oui mais pour faire un de ces nombreux bullshit jobs : NON !
Attention, il n'y a aucune critique qui vise les employés affectés, c'est le système qui est pointé du doigt.

«Avez-vous l’impression que le monde pourrait se passer de votre travail?
Ressentez-vous la profonde inutilité des tâches que vous accomplissez quotidiennement?
Avez-vous déjà pensé que vous seriez plus utile dans un hôpital, une salle de classe, un commerce ou une cuisine que dans un open space situé dans un quartier de bureaux?
Passez-vous des heures sur Facebook, YouTube ou à envoyer des mails persos au travail?
Avez-vous déjà participé à un afterwork avec des gens dont les intitulés de jobs étaient absolument mystérieux?
Êtes-vous en train de lire cet article parce qu’un ami ou un collègue vous l’a conseillé, twitté, facebooké ou emailé au travail?»
Si vous avez répondu oui à plusieurs de ces questions, vous faites sans aucun doute possible partie de cette population qui occupe un «boulot à la con», ou«bullshit job», comme les nomme l’anthropologue anglais David Graeber.
En 1930, le célèbre économiste John Keynes estimait dans une fiction futuriste qu’on pourrait se contenter de travailler 15 heures par semaine un siècle plus tard et que d’ailleurs, on s’ennuierait tellement que le principal problème collectif serait de répartir le travail.
Or, le progrès n’a fait depuis que nous donner des raisons supplémentaires de travailler, dans des métiers que même ceux qui les occupent trouvent parfois profondément inutiles. Cela alors même que le chômage de masse s’est installé durablement :
«Pour y arriver, des emplois ont dû être créés qui sont, par définition, inutiles. Des troupes entières de gens, en Europe et en Amérique du Nord particulièrement, passent leur vie professionnelle à effectuer des tâches qu’ils savent sans réelle utilité. Les nuisances morales et spirituelles qui accompagnent cette situation sont profondes. C’est une cicatrice qui balafre notre âme collective. Et pourtant, personne n’en parle.» [1]

Les bullshit jobs appartiennent au secteur des services: les fonctions dites de support et les services aux entreprises (ressources humaines, management, droit, qualité, finance, communication, conseil, etc.) et plus largement les emplois de bureau, de l’employé administratif au manager:

«Nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la croissance sans précédent de secteurs comme le droit des affaires, les administrations, ressources humaines ou encore relations publiques.»
Des gens qui, au-delà des 15 heures de travail efficace hebdomadaire, passent selon lui «le reste de leur temps à organiser ou aller à des séminaires de motivation, mettre à jour leur profil Facebook ou télécharger des séries télévisées»

«La plupart des gens en sont conscients»

Pour distinguer ces emplois, l’argument infaillible de David Graeber est le suivant: les détenteurs d’un bullshit job se reconnaissent à ce qu’ils ne se leurrent absolument pas sur la vacuité de leur travail.
«La plupart des gens qui font ces métiers en sont en fin de compte conscients. […] Il y a une classe entière de salariés qui, quand vous les rencontrez à des soirées et leur expliquez que vous faites quelque chose qui peut être considéré comme intéressant (anthropologue, par exemple), éviteront de discuter de leur métier. Mais donnez-leur quelques verres et ils se lanceront dans des tirades expliquant à quel point leur métier est stupide et inutile.»
Le capitalisme, qui est par définition le système économique qui place la rationalité et l’organisation scientifique du travail au sommet de ses priorités, ne devrait paradoxalement pas tolérer autant d’inflation bureaucratique:
«C’est comme si quelqu’un inventait des emplois sans intérêt, juste pour nous tenir tous occupés. Et c’est ici que réside tout le mystère. Dans un système capitaliste, c’est précisément ce qui n’est pas censé arriver.»

Tapez «corporate bullshit bingo» dans Google Image (une sorte de loto des mots à la con prononcés en entreprise) et admirez les centaines de grilles réalisées par des salariés traumatisés par leurs réunions-projet (comme celle ci-dessus)

«Au cours du siècle dernier, l’économie mondiale s’est progressivement complexifiée. Les biens qui sont produits sont plus complexes, la chaîne de fabrication utilisée pour les produire est plus complexe, le système qui consiste à les marketer, les vendre et les distribuer est plus complexe, les moyens de financement de tout ce système sont plus complexes, et ainsi de suite. Cette complexité est ce qui fait notre richesse. Mais c’est extrêmement douloureux à manager.»

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